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Continuité pédagogique: cours de M. Mopin

Cours d'anglais pendant le confinement

Traductions 3

Pour cette troisième série, deux textes qui semblent faciles à lire mais qui posnet des problèmes de niveau de langue. 

Thème 3:

Mais parfois, il se disait que si Pomme ne l'entendait pas, lui, par contre, la comprenait, et qu'ils formaient un couple au moins parce qu'il était le seul à pouvoir la comprendre, par-delà les mots qu'elle ne savait pas dire. De cette manière ils étaient faits l'un pour l'autre, un peu comme la statuette ensevelie, qui n'existe plus à l'intention de personne, et l'archéologue qui l'exhume. La beauté de Pomme était celle d'une existence antérieure, oubliée, différée, sous les débris de mille vies misérables, comme celle de sa mère, avant que ne se révèle dans ce corps et cette âme parfaitement simples le secret de toutes ces générations, finalement sauvées de leur nullité; car c'est cela que signifiait le surgissement précieux de la si pure petite fille. 

Pascal lainé, La Dentellière, 1974

 

Version 3:

Queenie said,​ ‘Maybe you better stop calling me that,’ and I said, ‘What?’

‘Stan doesn’t like it,’ she said. ‘Queenie.’

It was a worse surprise to me to hear her say ‘Stan’ than to have her tell me to call her by her right name, which was Lena. But I could hardly expect her to go on calling him Mr Vorguilla, now that they were married, and had been for nearly two years. During that time I hadn’t seen her, and for a moment when I saw her in the group of people waiting for the train at Union Station, I hadn’t recognised her. Her hair was dyed black, and puffed up around her face in whatever style it was that in those days succeeded the beehive. Its beautiful corn-syrup colour – gold on top and dark underneath – as well as its silky length, was for ever lost.

Alice Munro, Queenie, 1998

 

La plupart des propositions que j'ai reçues sont très correctes. Je propose mes traductions, en vous expliquant mes choix, mais j'ai été impressionné par la qualité de ce que vous avez proposé. Ne vous inquiétez pas si vos textes ne correspondent pas aux miens, ce que vous avez fait est, la plupart du temps, aussi bien. 

 

Thème 3:

Mais parfois, il se disait que si Pomme ne l'entendait pas, lui, par contre, la comprenait, et qu'ils formaient un couple au moins parce qu'il était le seul à pouvoir la comprendre, par-delà les mots qu'elle ne savait pas dire. De cette manière ils étaient faits l'un pour l'autre, un peu comme la statuette ensevelie, qui n'existe plus à l'intention de personne, et l'archéologue qui l'exhume. La beauté de Pomme était celle d'une existence antérieure, oubliée, différée, sous les débris de mille vies misérables, comme celle de sa mère, avant que ne se révèle dans ce corps et cette âme parfaitement simples le secret de toutes ces générations, finalement sauvées de leur nullité; car c'est cela que signifiait le surgissement précieux de la si pure petite fille. 

Pascal lainé, La Dentellière, 1974

« Mais parfois, il se disait que si Pomme ne l'entendait pas » : trois problèmes dans ce segment :

-« il se disait » : say est difficile (mais pas impossible), il semble impliquer que le personnage parle à voix haute. Mais là n’est pas le problème. Se diSait que Si, on a une allitération en s. Chaque fois que c’est possible, si on a une allitération dans le texte source, il faut essayer de rendre une allitération dans le texte cible. Surtout que là, elle sert à montrer la répétition de l’action. « he told himslef that if » ne marche pas dans ces conditions. Je serais tenté, dans ce cas précis, d’introduire le would fréquentatif, qu’on utilise normalement dans « chaque fois que ». L’utiliser avec « parfois » est inhabituel, mais me permet de faire « he would TELl himsELf», pour retrouver une allitération. 

-« Pomme » : comme toujours avec un n om propre, il faut se demander si on doit le traduire. Là, le surnom de la jeune femme veut clairement dire quelque chose, il faut donc le traduire. En l’absence d’informations extérieures, « Apple » peut parfaitement faire l’affaire. Mais quand on connait le texte en entier, elle reçoit ce surnom parce que, enfant, elle avait de grosses joues en forme de pommes. Le surnom « apple » tout court, en anglais, me semble encore plus bizarre qu’en français, je lui préfère donc « Applecheeks », mais c’est uniquement parce que je connais le roman.

-« ne l’entendait pas ». « did not hear him » voudrait dire que le personnage de Pomme est sourd. Ici, le verbe « entendre » veut dire comprendre, comme le montre la suite du texte. Il faut comprendre ce segment comme : « si Pomme n’était pas capable de le comprendre ». Donc, déjà, le modal could. « hear » est possible mais sous-entend une action passive : écouter, c’est actif, entendre, c’est passif. Là, même quand elle tentait de le comprendre (actif), elle ne le pouvait pas. Donc, plutôt que hear je préfere un verbe qui veut dire « décoder ce que je disais » : read. But sometimes, he would tell himself that if Applecheeks couldn’t read him, (bien entendu, “But sometimes, he told himself that if Apple couldn’t hear him” marche).

 

« lui, par contre » : Attention, en anglais, « him » ne peut pas être sujet. « Moi, je » se traduit par « I », avec une intonation plus marquée à l’oral, mais « me, I » ne veut absolument rien dire. Il faut donc le sujet he. Comme à l’écrit je ne peut pas marquer l’intonation, je vais employer une forme itérative (d’insistance) sur le « par contre », pour bien opposer les deux sujets. On peut bien entendu garder « he on the contrary » ou « he, on the other hand », mais j’explicite en he, contrary to her,

 

« la comprenait, et qu'ils formaient un couple » : could, forcément, puisque je l’ai utilisé dans « ne l’entendait pas ». « formaient un couple » : le verbe former dans cette phrase peut difficilement se traduire par form. Grammaticalement, il faudrait « constituted », mais c’est lourd et peu joli. Je vais au plus simple : could understand her, and that they were a couple

 

« au moins parce qu'il était le seul à pouvoir la comprendre, » On peut traduire littéralement « at least because he was the only one who was able to understand her ». Mais “at least” a des connotations mathématiques qui me semblent mal venues ici. Je ne peux pas me contenter de « could » : je l’ai utilisé plus haut pour traduire d’autres verbes que pouvoir. Le segment signifie : ne serait-ce que parce lui seul pouvait la comprendre. Donc, j’opte pour be it only because he alone was able to understand her

 

« par-delà les mots qu'elle ne savait pas dire. » : Par-delà, c’est beyond, sans souci. En revanche, « ne savait pas », qui ici veut dire « n’était pas capable de «  pose problème : j’ai déjà utilisé could et was able to. Par ailleurs, elle savait prononcer ces mots ces mots. Ce passage veut dire « malgré le fait qu’elle n’était pas du tout démonstrative ». D’où ma proposition : beyond the words she left unsaid. Je me retrouve avec « only ; alone ; understand ; beyond ; unsaid », une allitération en n qui donne une unité à la phrase et renforce l’idée de connivence entre Pomme et le personnage.

 

« De cette manière ils étaient faits l'un pour l'autre, » : « Thus » est un peu pédant. « This way » fonctionne. « faits » peut se traduire « made » ou « meant », qui veut dire destinés ( destinés… ils étaient tous les deux destinés ♪…). La suite (comme la statuette et l’archéologue) me fait préférer made. This way, they were made for each-other.

 

« un peu comme la statuette ensevelie, » : « un peu » ne peut pas se traduire « a little » ou « a bit », trop familiers. Il a valeur adverbiale, on utilise un adverbe (slightly ?). Mais le « comme » implique une comparaison : Pomme et le personnage d’un coté, la statuette et l’archéologue de l’autre, de la même manière. « in a way » me semble vouloir s’imposer, mais j’ai déjà « way » dans le segment précédent. Je profite donc honteusement de mes connaissances lexicales pour remodeler le segment précédent et je propose : Inasmuch, they were made for each other, like, in a way, the buried statuette

 

 

« qui n'existe plus à l'intention de personne, » : il s’agit d’une incise se rapportant à la statuette. Dans un cas comme celui-ci, l’anglais utilise volontiers les tirets long. « à l’intention de » : une statuette est faite pour plaire. Une fois enterrée, plus personne n’en profite plus. L’intention est donc un « bénéfice ». – which does not benefit anyone anymore – le not, le n de benefit et la répétition any/any me permet au passage de “récupérer” l’allitération INtENtiON de personNE.

 

« et l'archéologue qui l'exhume. » : c’est bien la statuette et l’archéologue. Je reprends donc comme si mon incise n’existait pas : « and ». Après, deux problèmes : l’. Il s’agit de la statuette, donc grammaticalement je dois dire « it ». Mais dans ce texte, on montre le lien particulier, unique, affectif, qui lie l’archéologue à sa découverte. Pour qu’il y ait affection, il faut anthropomorphiser la statuette et « her » se justifie. « exhume » : le problème de ce verbe, surtout en anglais, c’est qu’il a des connotations mortuaires. « dig up » évite cette connotation, et le « up » donne une impression d’essor, d’’envol, qui va avec l’idée que l’archéologue révèle sa splendeur comme le personnage celle de Pomme. And the archaeologist who digs her up.

 

« La beauté de Pomme était celle d'une existence antérieure, oubliée, différée, » : La beauté, ici, appartient bien à Pomme en propre, donc « Applecheeks’ beauty » plutôt que « the beauty of Applecheeks ». Ensuite, il faut choisir les adjectifs et leur ordre. Antérieure : previous me semble bien, parce que ça sonne comme precious. Oubliée : forgotten ne pose pas de problème. Différée, en revanche… l’idée est que la beauté de Pomme était en sommeil, en attente d’être révélée par quelqu’un qui saurait la voir. « postponed » et « delayed » ont un emploi purement chronologique. J’aurais tendance à expliciter cet adjectif par « as yet unseen ». Quant à l’ordre des mots, la logique anglaise voudrait as-yet-unseen, forgotten, previous. Je lui préfère un autre ordre pour aller par ordre de longueur de l’adjectif. C’est un artifice rhétorique courant, qu’on trouve chez Shakespeare (“Friends, Romans, Countrymen, lend me your hear”, dans Julius Caesar).  Applecheeks’ beauty was that of a previous, forgotten, as-yet-unseen existence,

 

« sous les débris de mille vies misérables, comme celle de sa mère, » : Ce n’est pas dit, mais un « enfouie » est clairement sous-entendu. L’idée, c’est que des générations de vies misérables ont été nécessaires avant que la beauté des femmes de la famille de Pomme soit reconnue par quelqu’un. Et ces mille vies pèsent sur les épaules de la jeune femme. Les débris : « debris » ou « ruins » sont bien. Je préfère le premier pour deux raisons : ruins laisse penser qu’il y a eu splendeur avant la décadence, et debris sonne français (donc romantique, ce qui va bien ici). Buried under the debris of a thousand miserable lives, like her mother’s. Et là, vous allez me dire que j’ai ajouté un “buried” pour le “enfouie” sous-entendu, alors que plus haut j’ai utilisé ce mot pour “enterrée”. Avec un soupçon de mauvaise foi, je répondrai que c’est voulu : cette beauté est enfouie de la même façon que les statuettes.

 

« avant que ne se révèle dans ce corps et cette âme parfaitement simples le secret de toutes ces générations, » « ne se révèle », c’est du subjonctif. Et à moins d’être Yoda, en anglais, il est très difficile de placer le verbe avant le sujet. « ces » générations : these ou those. C’est la meme difference qu’entre this et that: le premier rapproche, le second éloigne. Ici, on valorise les générations, je choisis these.  « finalement sauvées de leur nullité; » : se rapporte aux générations. Comme j’ai modifié l’ordre des mots, il va falloir que je les remette « à leur place », c'est-à-dire avec les générations. Before the secret of all these generations – finally saved from their uselessness – be revealed in this perfectly simple body and soul.

 

 

« car c'est cela que signifiait le surgissement précieux de la si pure petite fille. » Longue alliteration en s. L’ordre des mots va encore devoir changer pour placer le sujet devant. For that is what the rising of this so-pure little girl meant  est clair mais on a une alliteration en th moins belle que celle de départ (mais complétée par les sifflantes dans is, rising, so).

 

Traduction proposée :

But sometimes, he would tell himself that if Applecheeks couldn’t read him, he, contrary to her, could understand her, and that they were a couple, be it only because he alone was able to understand her, beyond the words she left unsaid. Inasmuch, they were made for each other, like, in a way, the buried statuette – which does not benefit anyone anymore – and the archaeologist who digs her up. Applecheeks’ beauty was that of a previous, forgotten, as-yet-unseen existence, buried under the debris of a thousand miserable lives, like her mother’s, before the secret of all these generations – finally saved from their uselessness – be revealed in this perfectly simple body and soul. For that is what the rising of this so-pure little girl meant.

Pascal lainé, La Dentellière, 1974

 

Version 3:

Queenie said,​ ‘Maybe you better stop calling me that,’ and I said, ‘What?’

‘Stan doesn’t like it,’ she said. ‘Queenie.’

It was a worse surprise to me to hear her say ‘Stan’ than to have her tell me to call her by her right name, which was Lena. But I could hardly expect her to go on calling him Mr Vorguilla, now that they were married, and had been for nearly two years. During that time I hadn’t seen her, and for a moment when I saw her in the group of people waiting for the train at Union Station, I hadn’t recognised her. Her hair was dyed black, and puffed up around her face in whatever style it was that in those days succeeded the beehive. Its beautiful corn-syrup colour – gold on top and dark underneath – as well as its silky length, was for ever lost.

Alice Munro, Queenie, 1998

 

“Queenie said,​ ‘Maybe you better stop calling me that,’ and I said, ‘What?’”: “Queenie” n’est pas un prénom, mais un surnom derive de “queen”. Le narrateur et Queenie ont été très proches, et il l’appelait  sa « petite reine », surnom évidemment déplacé maintenant qu’elle est mariée. Vous avez sans doute l’emploi d’une ponctuation étrange. On attendrait des : avant les guillemets, alors qu’on a des virgules. Nous sommes donc au style indirect libre (pas de guillemets en français). Enfin, « you better » pour « you had better » montre un niveau de langue familier, qu’il va falloir rendre en français. Je propose : Petite Reine a dit tu ferais peut-être bien d’arrêter de m’appeler comme ça, et j’ai dit quoi ?

“‘Stan doesn’t like it,’ she said. ‘Queenie.’” Cette fois, la ponctuation est celle du dialogue. Je placerai donc mon « dit-elle » en fin de phrase, DANS les guillemets en français. Je n’ai pas trouvé de moyen de rendre le  niveau de langue parlé (you better), mais je peux le faire ici : « Stan aime pas ça » pour « Stan n’aime pas ça ». « Stan aime pas ça, ‘Petite Reine’ », dit-elle.

“It was a worse surprise to me to hear her say ‘Stan’ than to have her tell me to call her by her right name, which was Lena.”: “ce fut une pire surprise pour moi” ne sonne pas très idiomatique en français. Je pense qu’il faut complètement remanier la phrase: pour moi, la surprise (…) fut pire que (…). « to have her tell me » est intraduisible en l’état. Ici, on a l’idée d’obligation (have to, verbe de remplacement de must). Pour moi, la surprise de l’entendre dire « Stan » fut pire que celle de devoir l’entendre me dire de l’appeler par son vrai nom, qui était Lena.

“But I could hardly expect her to go on calling him Mr Vorguilla,”: “hardly”, c’est “à peine”. Sauf que “je pouvais à peine m’attendre…” ne veut pas dire ce que le texte dit. Ceette locution donne l’impression que le narrateur est impatient. Je recours donc à une transposition très courante en traduction : passer à la forme négative. Les anglais disent rarement « moins grand que ». ils disent « pas aussi grand que ». ici, Mais je ne pouvais pas vraiment m’attendre à ce qu’elle continue à l’appeler M. Vorguilla,

“now that they were married, and had been for nearly two years.”: “now” peut se dire “maintenant” ou “à présent”. “and had been”: et qu’ils l’avaient été, je ne peux pas le sous-entendre en français comme on le fait en anglais. « maintenant qu’ils étaient mariés, et l’avaient été depuis presque deux ans » est possible, mais très idiomatique. Je lui préfère Ils étaient mariés à présent, et ce depuis presque deux ans. Le contraste entre à présent et depuis deux ans rend l’effet d’insistance qu’on avait avec le had been.

During that time I hadn’t seen her,”: that time, c’est la période pendant laquelle Lena a été mariée, et le “that” montre que ce n’est pas une période que le narrateur voit d’un bon oeil. Pour essayer de rendre cette impression, j’utilise une insistance : pendant tout ce temps là. Pendant tout ce temps là, je ne l’avais pas vue,

 

“and for a moment when I saw her in the group of people waiting for the train at Union Station, I hadn’t recognised her.”: le temps du récit est le passé simple, mais étant donné le niveau de langue du personage, le passé compose est plus indiqué. « for a moment » ne peut se traduire mot-à-mot. L’espace d’un instant. Il y a une anacoluthe (rupture de construction) dans le texte : quand je l’ai vue, je ne l’AVAIS PAS reconnue. Comment aurait-il pu la reconnaitre avant de la voir ? L’idée est que, avant, quand elle était là il la reconnaissait d’instinct, avant de prendre conscience qu’il la regardait. Après son mariage, elle est devenue une personne « normale », et il ne perçoit plus sa présence avant de regarder consciemment. Elle était dans son champ de vision depuis un moment sans que le « miracle » habituel se produise. Union Station : on peut garder le nom. Je le traduis juste pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un endroit qui s’appellerait Union, mais que l’auteur place cette rencontre entre eux, ironiquement, dans un lieu qui marque la fin de l’union spirituelle entre eux.   Et l’espace d’un instant, quand je l’ai vue dans le groupe de gens qui attendaient le train à la gare de l’Union, je me suis aperçu que je ne l’avais pas reconnue.

“Her hair was dyed black, and puffed up around her face”: “puffed up” peut s’employer pour dire bouffant (les cheveux bouffant). Là, around her face, cela veut dire que les cheveux formaient deux grandes boucles qui cachaient une partie du visage de Lena. La suite montre que le narrateur trouve que cette coiffure est laide et défigure Petite Reine. Je propose Ses cheveux étaient teints en noir et lui mangeaient la moitié du visage.

“in whatever style it was that in those days succeeded the beehive.”: “those days” montre que le narrateur considère cette période comme une sale période. Il espère que ça ne va pas durer, d’où mon choix de réduire les jours en moment. “whatever style it was”: le style, quel qu’il soit. Le terme est péjoratif et laisse entendre que ce style n’en est pas un. Plutôt que style, mode me semble plus clair. Le « beehive », ce n’est pas la ruche. C’est la coiffure tout en hauteur (pensez à Marge Simpson) à la mode dans les années 70. En français, on appelle ça la coiffure choucroute. Nous sommes donc dans un cas où il faut traduire « beehive » par « choucroute ». suivant la mode, si c’en est une, qui à ce moment-là avait remplacé la coiffure choucroute.

“Its beautiful corn-syrup colour – gold on top and dark underneath – as well as its silky length, was for ever lost.”: “Its” renvoie à “Hair”. C’est du pluriel en français. Leur belle couleur de sirop de maïs. Les tirets, en français, sont remplacés par des parenthèses. L’auteur aimait clairement l’ancienne coiffure de Lena, comme le montre l’adjectif « silky ». d’où le « à tout jamais », qui fait perdre tout espoir de retour en arrière. Leur belle couleur de sirop de mais (dorée sur le dessus et sombre en dessous), tout comme leur longueur soyeuse, étaient perdues à tout jamais.

 

Proposition de traduction :

Petite Reine a dit tu ferais peut-être bien d’arrêter de m’appeler comme ça, et j’ai dit quoi ?

« Stan aime pas ça, ‘Petite Reine’ », dit-elle.

Pour moi, la surprise de l’entendre dire « Stan » fut pire que celle de devoir l’entendre me dire de l’appeler par son vrai nom, qui était Lena. Mais je ne pouvais pas vraiment m’attendre à ce qu’elle continue à l’appeler M. Vorguilla ; Ils étaient mariés à présent, et ce depuis presque deux ans. Pendant tout ce temps là, je ne l’avais pas vue, et l’espace d’un instant, quand je l’ai vue dans le groupe de gens qui attendaient le train à la gare de l’Union, je me suis aperçu que je ne l’avais pas reconnue. Ses cheveux étaient teints en noir et lui mangeaient la moitié du visage, suivant la mode, si c’en est une, qui à ce moment-là avait remplacé la coiffure choucroute. Leur belle couleur de sirop de mais (dorée sur le dessus et sombre en dessous), tout comme leur longueur soyeuse, étaient perdues à tout jamais.

Alice Munro, Queenie, 1998

 

 

 

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